dimanche 2 octobre 2011

Complexité Péruvienne


Le Pérou n’est pas un pays pauvre. Plutôt un pays avec des pauvres. C’est là toute la complexité d’un pays qui connaît un développement économique plus rapide que son développement social. Une complexité que je ne m’attendais pas à trouver.

Quelques chiffres macroéconomiques :
-          Croissance économique 2010 : 8,8 %
-          Premier pays producteur d’argent au monde
-          Second pays producteur de cuivre au monde
-          Premier pays producteur d’or, de zinc, de plomb et d’étain
-          Le budget public est 3 fois plus important que ce qu’il était en 2002

En revanche, 1/3 de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 1 dollar par jour). 10 millions de personnes, habitant principalement dans les régions rurales et n’ayant pas ou peu accès à l’eau courante, à l’électricité et à des services de santé efficaces. Une autre grande partie de la population vit avec des revenus très modestes notamment dans les grandes villes : taxis, gérants ou vendeurs de petites imprimeries ou dans la vente de téléphones ou carte SIM…Enfin, le Pérou, selon le World Economic Forum Report (qui mesure le niveau de compétitivité des pays), souffre d’infrastructures peu développées (notamment en ce qui concerne le système de transport).

Il semble donc que le plus grand défi du Pérou aujourd’hui est d’apprendre à gérer son développement économique non seulement pour que celui-ci profite à toute la population mais également pour qu’il soit durable.

Pour cela, il me semble que ce qu’il manque au Pérou, ce sont des institutions plus fortes, capables de faire appliquer de manière plus efficaces des politiques publiques plus déterminées. Les institutions péruviennes sont en effet très faibles ce qui empêche une gestion efficace des ressources publiques.

Un exemple parlant : l’utilisation du canon minero (impôt que perçoit l’Etat sur l’activité des entreprises minières sur son territoire) par les universités publiques

  •         5% de cet impôt est reversé directement aux Universités Publiques pour financer la recherche. Cela revenait en 2010 a environ 2,4 milliards de soles (650 millions d’Euros)
  •         La meilleure université publique en termes de recherche a publié entre 2005 et 2010 416 production scientifiques alors que l’Université de Sao Paulo, sur la même période en a publié plus de 40 00
  •         En 2010, les universités publiques n’ont dépensé que 16% du canon qu’elles avaient reçu.

Ceci n’est pas le fait de la corruption comme on pourrait le penser au premier abord.
Il s’agit en fait d’un problème administrativo-légal qui rend la gestion de cet argent absolument impossible.

Le problème ici n’est donc pas un manque d’argent sinon un manque de gestion appropriée de cet argent et surtout un manque de politique publique efficace.

Il semple que ce qui s’observe au niveau des universités (qui est celui que je connais le mieux), se retrouve dans tous les autres zones d’intervention publique.

Le Pérou doit donc entre autre apprendre, à mon avis, à gérer ses ressources de manière plus efficace afin que celles-ci profitent au développement social du pays. En renforçant ses institutions, le Pérou pourrait utiliser les revenus provenant des ressources minières non seulement pour permettre l’émergence d’une société plus inclusive mais également pour apporter à cette société les infrastructures techniques (transport…) et social (éducation, santé, sécurité) à celle-ci. Sans ces efforts (auquel il faudrait ajouter celui de diversifier ses sources de revenus), le développement péruvien ne sera pas possible.

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